Où et comment se faire sa place ?
Notre travail porte sur la place des Jeunes Femmes dans l’espace public. Cette enquête nous a amené.e.s à explorer le quartier genevois de Champel. Au premier abord, notre vision de ce terrain était pétrie de préjugés quant à sa réputation d’espace résidentiel embourgeoisé. Néanmoins, nous étions conscient.e.s que ces aprioris étaient probablement en décalage avec la réalité quotidienne vécue par les habitant.e.s. Ainsi, pour palier à ces croyances en nous rapprochant des faits, nous avons pris contact avec Roxanne, TSHM du quartier.
Nous avons approché le terrain de deux manières. Initialement, notre découverte des lieux s’est faite en accompagnant Roxanne sur ses tournées. Par la suite, pour enrichir notre regard et approfondir nos intuitions, nous avons exploré le quartier de notre propre chef à différents moments de la semaine. Pour compléter ces premières observations, nous avons pris contact avec des jeunes filles du quartier. Dans une volonté de recueillir des témoignages sincères, nous avons conduit des entretiens semi-directifs. La grande quantité de données récoltées du fait de la variété d’outils proposés par le module a induit une démarche de thématisation « en entonnoir ».
Notre cadre d’analyse s’appuie sur des textes de recherche et des films documentaires. Ainsi, Horia Kebabza (2007) explicite les différences genrées d’accessibilité à l’espace public et les stratégies d’adaptation des filles. Pour sa part, Julie Deville (2007) souligne les modalités de reproduction des rapports sociaux de sexe qui se renforcent au sein des institutions scolaires. Enfin, dans « Les Fleurs du Bitume » (2017), Caroline Péricard & Karin Morales traitent de l’aspiration émancipatrice de trois femmes tunisiennes au travers de leur pratique du street art. En plus du cadre d’analyse, nous avons pu nous appuyer sur une expertise de terrain dans le cadre du travail de mémoire de Monica Piecek sur le « Genre, ‘’filles’’ et espaces publics…».
La story réalisée au moyen de vidéos, d’images, de croquis et d’enregistrements sonores présente les portraits de trois jeunes femmes. Leurs témoignages illustrent comment elles perçoivent et vivent leur jeunesse dans le quartier de Champel. Elles explicitent leur parcours sur la base de leurs interprétations de la place des femmes dans l’espace public.
En définitive, il semble exister une tendance à réfléchir la place des filles à partir de celle des garçons. Nous en concluons que si la recherche pose la question « où sont les filles ? », notre enquête souligne que pour y répondre il peut être judicieux de se demander « Que font les filles ? ». Dans une optique de travail social, l’enjeu réside dans la mise en œuvre ascendante d’actions prenant en compte l’interdépendance de ces deux dimensions.